Vous trouverez ci-dessous une de mes nouvelles, publiée dans l'ouvrage "Le jour où le mur de Berlin n'est pas tombé, et tous ceux qui suivirent" (Editions Uchroniques, 2014).
Elle s'intitule "Pauvres pépés"...
Elle est courte, mais comme on dit toujours dans ces cas-là, c'est pas la taille qui compte!
Dans une nouvelle, l'important c'est la chute et comment on l'amène.
Comme quand il s'agit de faire tomber un mur...
Jamie
Pauvres
pépés
ou
Une histoire parallèle au Mur
«
Ha ! si ce putain de mur était tombé en 89... On en serait pas là
maintenant à disputer le maigre gibier qui reste aux loups et aux
chacals... » grommela notre doyen après avoir craché son noyau de
pêche dans les flammes.
Les quatre chasseurs
étaient de retour au campement avec les deux chiens. La plupart
dʼentre nous se tourna vers eux.
« Pas grand-chose
aujourd’hui... Quatre lapins et une demi-douzaine de pigeons. Même
pas de quoi assurer le repas du soir, je sais...
— On a quand même
eu un sanglier, mais il avait des tumeurs... On lʼa laissé aux
hyènes qui nous tournaient autour... Bon appétit ! Quʼelles en
crèvent, les salopes !
— On a aussi été
coursé par une meute de loups. Il y en avait un de monstrueux... On
lʼa dégommé, mais on a eu un mal fou à
faire déguerpir les autres. Ils étaient affamés !
—
Moi jʼai chopé deux grands lézards verts. On pourra toujours les
rajouter à la soupe... »
Certains soirs
autour du feu de camp, les quelques vieux restants parmi les
survivants que nous sommes radotent encore et encore sur le fait
qu’en 1989, le Mur et la paranoïa qui l’entourait auraient
soi-disant été à deux doigts de tomber. Ils
soutiennent même mordicus que les Russes auraient pu devenir nos
partenaires plutôt que nous balancer
la purée, que ça sʼest joué à peu de choses...
Pauvres pépés, ils
ont perdu la boule... Même moi qui aime
pourtant
les bouquins de science-fiction – jʼen ai trouvé des tas qui
nʼont pas cramé ! – , je pense que les radiations leur ont fondu
les neurones...
Pour
vous dire... Il y en a même un qui ajoute toujours, assis
sur sa banquette de bagnole pourrave :
« Si cette
extrémiste, cette Angela Nerkel ou jʼsais plus comment, n’avait
pas tiré sur un vopo ce soir-là, il n’y aurait pas eu de bain de
sang, et je suis sûr que les barrières se seraient levées... »