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jeudi 15 août 2013

SAS : LE TRESOR DU NEGUS - Gérard DE VILLIERS




Si on m'avait dit qu'un jour je serais accroché par SAS, je me serais bien fendu la poire! Comme quoi, il ne faut jamais dire jamais... Car c'est bien ce qui m'est arrivé à la lecture de ce "Trésor du Négus" qui fleurait bon le roman de gare écrit à la chaîne...
Il faut dire que j'avais été mis en appétit en février par un article du New York Times (repris par Le Monde, j'avoue) dithyrambique envers Gérard de Villiers, présenté comme un homme de réseaux, ce qui lui permet d'alimenter sa production industrielle de romans (4 par an !) de détails et d'anecdotes prétendument authentiques.
Paraît-il que tout diplomate français qui se respecte achète le SAS correspondant au pays dans lequel il est nommé pour avoir une synthèse de sa situation et un aperçu de sa mentalité.
Moi qui m'intéresse, entre autres,  aux questions géopolitiques, cette présentation m'a mis l'eau à la bouche, comme beaucoup de lecteurs du NYT semble-t-il, et j'ai voulu en savoir plus sur les aventures du prince Malko...
J'ai alors mis la main sur quelques exemplaires abandonnés dans un coin, que je voyais sans les voir depuis des années, et j'ai attaqué ce Trésor du Négus, édition 1977 collector SVP! Et là, la surprise!
 J'en avais déjà parcouru un exemplaire il y a une dizaine d'années, mais il m'avait semblé insipide et creux, y compris la scène érotique réglementaire... Etais-je tombé sur un titre raté, ou est ce moi qui ai évolué depuis? Mystère...
Toujours est-il que j'ai été scotché en lisant ce roman-là, qui se passe en Ethiopie comme son titre l'indique aux plus cultivés d'entre vous... ;-)
Sa lecture m'a appris que ce pauvre pays, tristement célèbre pour sa famine de 1985, avait auparavant subi (entre autres...) une dictature n'ayant absolument rien à envier à celles qu'endurèrent l'Argentine et le Chili à la même époque, avec une description d'atrocités que même la distanciation du roman ne parvient pas à atténuer.
Cependant, l'écriture de Gérard de Villiers (d'aucuns disent de ses nègres... Bof, qu'importe...) est tout sauf plate. Il y a un sens du récit et du dialogue qui rendent l'histoire bien vivante.
Surtout, il apparaît de manière récurrente un humour noir et une ironie auxquels je ne m'attendais pas du tout, mais qui ont fini par me convaincre et par me rendre fan!
En voici un florilège :

Ils ont envoyé un char. Ils l'ont achevé à bout portant au 90. En pleine ville. On n'a même pas retrouvé assez de viande pour remplir une boîte à chaussures. Ils ont annoncé qu'il s'était suicidé. C'est le premier suicide de l'histoire au canon de char...  

- Où est-il?
- Fusillé.
Un ange passa, les yeux bandés.

La "Nouvelle Fleur" (traduction du nom de la capitale, Addis-Abeba) était de l'espèce carnivore...

Sa combinaison était ouverte, découvrant la naissance et même l'enfance de son impressionnante poitrine.

Le zip descendait jusqu'au bas-ventre, mais Wallela ne l'avait ouvert que de 10 cm, découvrant une croix copte en or posée entre deux globes dont la vue aurait rendu la foi au pire des mécréants.

Dans un pays comme l'Ethiopie, lorsqu'on avait un accident de voiture, le mieux était de faire marche arrière pour achever le blessé - ou de fuir.

Wallela ressemblait à un cosmonaute vu par Penthouse.

Sur la piste, son danseur, le représentant d'un vague état africain qui n'existait guère que sur le papier, attendait, les yeux en érection.

Seul bémol de ce roman ne comportant à priori aucune coquille, ce qui est suffisamment rare pour être noté, sa couverture... Bien dommage qu'elle ne nous montre pas une belle éthiopienne à kalachnikov, plutôt qu'une jolie mais incongrue européenne brandissant une mitraillette à chargeur camembert...
Pour info, SAS obtient dans cette aventure un score de 4 sculpturales éthiopiennes, dont l'une au cours d'une éblouissante scène se passant sur un tas de... poudre d'or!

Mais maintenant, sus aux 3 autres SAS que j'ai récupérés! Slurp! ;-)